Adaptation d’après Molière par le collectif LE BANQUET dans le cadre du Festival Off d’Avignon
Cet été 2017 accueille la première création du collectif LE BANQUET dans le cadre du Festival OFF d’Avignon. “Un Dom Juan” est représenté du 7 au 30 juillet (lundis exclus), à 21h20, pour l’inauguration du
THEATRE DES 2 GALERIES
40 RUE PAUL SAÏN
« Dom Juan ou le Festin de pierre » est une comédie de Molière.
Elle donne à suivre les dernières heures de la vie du jeune Dom Juan, esprit fort et grand amateur de femmes, accompagné de Sganarelle, valet craintif, goinfre et friand de disputes intellectuelles. Mais l’allure charmeuse de Dom Juan n’est qu’un prétexte, Molière noircit le rôle et le fait alors jurer, mentir et blasphémer. L’hypocrite Dom Juan s’annonce dès le premier acte mais c’est au cinquième et dernier qu’il prend toute sa grandeur. Les aventures semblent alors de faux arguments, le vrai sujet est la critique des normes en vigueur. Du 17ème au 21ème siècle, elle reste authentique et il nous semble important qu’elle soit entendue.
Nous avons pris le parti de faire une adaptation de la pièce, en supprimant certains rôles, en démêlant les répliques, en abolissant la relation financière entre Dom Juan et Sganarelle au profit de leur grande amitié, en conservant la plume de Molière, en réinventant la mort finale, etc. L’histoire se déroule désormais dans un monde contemporain, avec des jeunes de nos jours, des conflits entre les écarts sociaux, la question de la foi à travers les croyances, l’amour au centre des passions, la rivalité d’un père et son fils, la critique d’une société emmurée ou encore la difficulté d’une amitié honnête. Précisément, nous déplaçons la structure de la pièce pour clarifier notre propos : nous présentons « Un Dom Juan », dans lequel de jeunes comédiens posent la question de l’étroite limite entre l’anarchiste et l’ermite. Les actes et pensées de Dom Juan se réduisent-ils à leur caractère subversif et extrémiste ? Ou bien expriment-ils le désir d’abolir les institutions totalitaires ?
Il suffit de regarder une chaîne télévisée d’informations, d’allumer la radio ou de feuilleter les journaux quotidiens pour avoir la `preuve de l’hypocrisie ambiante. Que cela soit des journalistes qui transmettent des “news” erronées, des politiciens démagogues qui jurent, des artistes qui travestissent leur art par réflexions, des sénateurs parfaitement vieux et puérils à l’instar du pays qu’ils brident, la montée des idéologies extrémistes, la religion utilisée comme abomination ou excuse, la répartition inégale des richesses etc.… Un Dom Juan d’aujourd’hui s’attaquerait à cela. C’est ce que nous souhaitons proposer.
Le traitement de Dom Juan est très important. Sa parole anarchiste semble pleine de vie et de fougue, mais elle reste anarchiste. Il serait trop facile d’en faire un héro ou un anti-héro, nous préférons le présenter avec ses contrastes. Dans notre mise en scène, Dom Juan est un jeune homme oscillant entre sensibilité et insensibilité. Il prêche une volonté de s’extirper des sentiments communs, mais agit comme pourrait le faire une brute avide d’émotions. Tout se joue dans la tentative que Dom Juan a de se contrôler, à la recherche éperdue de l’instant de grâce qui le sauverait de la chute, inévitable. Qui plus est quand, à force d’épuisement, il l’accepte par fatalité. La pièce de Molière est une mort lente. Au premier pas, Dom Juan connaît déjà sa fin. Il n’a que cinq actes pour crier le plus fort possible. Nous travaillons à ce que ce cri soit entendu du public, et qu’il l’interroge sur lui.
Jouer au Festival Off d’Avignon est un luxe ; et tout luxe a son prix. C’est pourquoi nous sollicitons votre aide. Nous avons besoin de votre participation !
Nous souhaitons réunir 5000 euros pour accomplir ce projet :
– Pour jouer un mois dans une ville, il faut être hébergé. Nous avons cherché une maison qui puisse accueillir sept personnes, et qui soit au large du centre-ville, derrière les remparts. Notre recherche nous a amenés à trouver un lieu calme et reposant, facilement accessible depuis le théâtre où nous jouons. Or, en Avignon, le logement coûte cher. Les frais du loyer s’élèvent à 3200 euros.
– Le transport est également un sujet monétaire. Nous partons et revenons à deux voitures, les décors sur les bras. Il faut ajouter les différents péages, l’essence consommée et le prêt des voitures. L’ensemble des déplacements correspond au chiffre rond de 1000 euros.
– Vient ensuite le budget de la scénographie. Elle est essentiellement composée d’artifices, de “petits objects quotidiens” dont l’acquisition se fera avec l’argent de nos poches. Seulement, la vidéo-projection, les projecteurs néons-fluorescents, les servantes et autres machines à lumières ou sonores sont trop onéreuses pour être acheter. Nous souhaitons alors les louer pendant un mois. Le cumul de ces locations revient à la somme de 800 euros.
En cas de surplus du montant demandé, l’argent sera sauvegardé et utilisé pour financer le spectacle une fois Avignon passé. Nous travaillerions d’ores et déjà à une continuité du spectacle, dans des théâtres parisiens, en provinces françaises, et soyons fous, à l’étranger. Le supplément financier pourra également être employé dans la prochaine création du BANQUET! Nous comptons sur votre soutien.
Nous voulons jouer une pièce aussi classique pour amadouer le public vers un théâtre qu’il pense académique, ancien, peut-être poussiéreux. Notre tâche sera alors de le convaincre qu’un texte écrit quatre siècles avant le nôtre, puisse se fondre dans un climat actuel et réagir aux douleurs de notre société. Peut-être sont-ce les mêmes douleurs ? Dans ce cas, comment est-il pensable que l’on puisse se plaindre des mêmes souffrances pendant plus de 400 ans ?
Nous sommes sept comédiens qui se sont rencontrés au cours Florent, dans lequel nous avons rapidement travaillé ensemble. Par la suite, nous avons été reçus au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (CNSAD), ce qui nous a donné l’envie d’établir une structure collective, soucieuse de créer et diffuser des spectacles. Ainsi est apparu LE BANQUET. Que cela soit par l’écriture, le geste ou la parole ; nous proposons un théâtre qui s’interroge lui-même comme une fantaisie. Nous envisageons la scène comme un débat entre les maux sociaux et la quête personnelle de l’imaginaire.
Pour citer Howard Barker : « Quand l’opposition se perd sur le plan politique, elle doit s’enraciner dans l’Art ». Nous sommes sensibles à ce discours, et travaillons à le rendre existant. Voici notre quête. Pour la résoudre, nous enrôlons différents comédiens, musiciens, danseurs, metteurs en scènes, chorégraphes, etc. qui partagent le plateau pour expérimenter.
Les comédiens
MARILOU AUSSILLOUX – Done Elvire
LUIGI TANGREDI – Sganarelle
TEDDY CHAWA – Dom Louis
MANON CLAVEL – Charlotte
AURÉLIEN BEKER – Le Pauvre / Monsieur Dimanche
VIRGIL LECLAIRE –Pierrot
BENJAMIN VOISIN – Dom Juan