Un court-métrage de science-fiction réalisé par Anatole Levilain-Clément
Sunlight est un court-métrage de science-fiction muet sur la lutte d’un homme contre tout un système pour la survie de son espèce, à une ère où l’individu a disparu… Réalisé par Anatole Levilain-Clément, étudiant en deuxième année de BTS audiovisuel à Toulouse, dans le cadre d’un partenariat avec le multiplexe Cap’ Cinéma Rodez et le Conservatoire de l’Aveyron.
2036. Les catastrophes nucléaires et la pollution de masse ont fini par détruire la couche d’ozone et balayer toute forme de vie de la surface terrestre. Pourtant, une poignée d’hommes ont mystérieusement survécu et vivent enfermés pour échapper aux radiations. Dans cette société de l’ombre, chacun vit dans la crainte du Soleil, un dieu tyrannique qui les préserve en échange d’un travail régulier et d’une conduite exemplaire. À la fin de chaque journée, l’ouvrier méritant reçoit un ticket qui lui donne accès à une petite dose de lumière solaire via une fenêtre implantée dans sa chambre. Le rythme de vie est si rude que l’homme n’a plus le temps de réfléchir à sa condition et se contente de répéter continuellement les mêmes actions. Mais le jour où l’un d’eux commence à se rappeler des femmes, l’avenir de la Terre est sur le point de basculer à nouveau…
Sunlight est né d’un concept, celui d’une société futuriste où le libre accès à la lumière du soleil aurait été aboli, rendant la plupart des hommes esclaves d’une minorité dominante. Cette idée, griffonée sur un coin de feuille puis égarée pendant de nombreuses années, a refait surface lorsqu’est venu pour moi le moment de choisir le sujet de mon nouveau court-métrage, l’été dernier. Si j’avais déjà pour but de l’inscrire en festival, le véritable point de départ du projet fut l’appel de mon ami Nicolas Dru, pianiste-compositeur, qui vint me proposer de participer à un ciné-concert. J’avais déjà travaillé avec lui sur le court-métrage Vos larmes sont notre énergie de Robin Viès en 2014, qui avait connu un beau parcours en festivals (Mexique, Italie, Russie), et c’était cette fois-ci à mon tour de réaliser un court-métrage qu’il mettrait en musique. Fanatique du cinéma muet, l’idée de m’attaquer au ciné-concert m’excita au plus haut point et je décidai d’utiliser les contraintes liées au genre pour me poser un cadre. Après avoir remis la main sur le pitch de Sunlight en avril dernier, je choisis de partir de ce postulat de départ et de l’adapter à mes thématiques : le huis clos d’anticipation, le totalitarisme et l’homme en société, l’intelligence artificielle et son rapport à la notion d’humanité.
Deux concept arts réalisés pour le film
Un extrait du storyboard et du script
Pour élaborer les codes, l’esthétique et les relations inter-personnages de mon univers, j’ai choisi de me projeter directement dedans et de le façonner en en cherchant les limites, en questionnant ses personnages et leur comportement… Pour arriver à trouver l’inspiration nécessaire, je me suis abreuvé d’un maximum de choses susceptibles de m’aider à construire mon univers : extraits de films, musiques, compositions personnelles et concept arts. Tout ce travail de recherche m’a pris quatre mois, au bout desquels j’avais en main une première version de scénario. En parallèle, à partir de juin, j’ai commencé à constituer mon équipe et ai lancé ma directrice de production pour qu’elle m’aide à rassembler les lieux, les acteurs, les accessoires et qu’elle fasse une estimation du budget nécessaire pour assurer le tout. Après de nombreuses relectures et les conseils avisés de gens qualifiés (mon père écrivain, mon chef opérateur, un ami réalisateur), j’avais à la mi-août finalisé le scénario – tandis que l’équipe était presque entièrement constituée et la phase de pré-production à un stade avancé. Par ailleurs, de manière à fournir un maximum de pistes à mon équipe, j’ai donné une liste de musiques et de films à mon acteur principal, et ai constitué un “look book” (florilège d’images qui m’inspirent) à mon chef opérateur.
Deux affiches de propagande tirées du film
Une carte d’ouvrier et un ticket-soleil
Le tournage a débuté le 21 septembre dernier, et doit s’achever le 2 novembre. La post-production quant à elle, doit prendre fin le 6 novembre. C’est pour moi une aventure inédite, car bien plus chronophage et mobilisant infiniment plus de gens que mes précédents projets. Avec la rentrée scolaire, pour coupler les cours et les tournages il a fallu faire des concessions, passer à côté de nombreuses opportunités en serrant les dents. Mais j’ai eu la chance de pouvoir réunir une équipe patiente, disponible et flexible, qui m’a suivi dans ce pari fou dont on voit presque le bout désormais…
THX 1138 (1971), pour son traitement de l’individu et de la religion
Si vous vous risquez au visionnage de mes premiers films, vous remarquerez un attrait systématique pour le cinéma classique : j’aime la vieille sf et ses invasions d’androïdes, les amoureux transis et leur jeu quasi-pantomimique, les plans symétriques et les ombres franches. Mais il y a peu, j’ai été charmé par un cinéma bien différent mais qui a eu une influence non-négligeable sur mon univers : le cinéma soviétique contemporain. À l’esthétique expressionniste et très architecturale de Métropolis sont donc venues s’ajouter les longues errances, les portraits sociaux, le mysticisme et le profond mal être que dégage Requiem pour un massacre ou encore Solaris. En restant dans la partie Est de l’Europe, j’ai aussi fait la découverte d’un film, Le Fils de Saul, qui m’a marqué par son incroyable mise en scène de l’holocauste, d’un homme qui lutte malgré le chaos pour faire perdurer ce qu’il reste d’humanité en lui au profit de sa vie, et par les visages et les corps dont il filme la descente aux enfers de manière charnelle et tremblante. Sunlight est donc à l’arrivée un projet de film qui se place à la fois dans la continuité d’une tradition classique de la science-fiction et dans une recherche de renouveau, de modernité, de par des dispositifs techniques et un rythme plus contemporains.
Le Fils de Saul (2015) et Requiem pour un massacre (1985), un cinéma du regard
Metropolis (1927), un cinéma chorégraphique et architectural
Le choix du muet place l’image au centre du film, et j’ai de ce fait beaucoup réfléchi au sens qu’elle pouvait renvoyer. Il y a tout d’abord un important travail de lumière. On doit à tout prix faire la différence entre la lumière nourrissante (chaude, rassurante) et la lumière électrique qui ne fait qu’éclairer (pâle, froide), de même que l’on doit discerner l’intérieur de l’extérieur – tandis qu’on aura une société souterraine aux tons sombres et désaturés, le désert et la vie végétale d’avant (vue à travers des flash back) seront particulièrement lumineux et colorés. En terme de cadrage, j’ai choisi d’utiliser une majorité d’axes horizontaux et beaucoup de portraits, pour que l’immersion soit maximale et se fasse par l’intermédiaire des visages – la notion d’humanité m’importe énormément. Ayant de plus, comme dit plus haut, choisi de mêler les dispositifs traditionnels et contemporains, la structure suivra un glissement progressif de plans fixes et très découpés à des plans mouvants voire tremblants et sans interruption, sensés mettre en exergue l’évolution des états d’âmes du personnage principal. Le choix du format académique (1,375:1), s’il est pour moi une vieille lubie, constitue également un paramètre significatif : le personnage est aussi enfermé dans sa condition qu’il est surcadré par les bords de l’écran et, tout comme Saul dans le film de László Nemes, il suffoque et tente d’en sortir.
Pour réaliser Sunlight, j’ai pris le risque d’investir de l’argent que je n’avais pas encore récolté, préférant avoir un projet plus concret à vous présenter le moment venu – appuyé par de vraies images du film et des photos de tournage. Si c’est un challenge que j’assume parce que je sais mon projet solide, je m’expose néanmoins au risque de ne pas récolter assez et de devoir tout payer de ma poche… Voilà pourquoi j’ai besoin de votre aide, et chaque euro compte !
Passionné par le cinéma depuis très jeune, je ressens au quotidien un besoin viscéral de créer de l’image. Guidé aux premières heures par l’univers de Kubrick, j’aime ce que peut suggérer la rencontre fortuite entre formes et couleurs, et la force qui soudain se dégage d’un regard ou d’un décor me fascine. Depuis mes 12-13 ans, je demeure en constante recherche d’images vibrantes, et après décortiqueur de passions me vois faiseur de rêves. Chaque jour je me réveille avec en tête une silhouette, une émotion, un instant figé et le besoin urgent de vous les faire découvrir… J’ai créé en 2009 à Rodez un club pour jeunes cinéastes, que j’ai dirigé jusqu’au jour où le bac en poche, j’ai du le confier à d’autres pour partir étudier l’audiovisuel à Toulouse. Et grâce à mon mentor Jérémie Terris – qui du collège au lycée m’a appris le langage cinématographique – ainsi qu’au BTS audiovisuel que j’ai intégré l’an dernier, j’ai pu multiplier les expériences (fiction, institutionnel, reportage, plateau ; travailler au festival de Cannes et avec Les Parasites, assister au tournage du dernier film de Luc Besson), rencontrer des gens qui me font désormais confiance, et je crois avoir aujourd’hui suffisamment de cartes en main pour vous raconter mes histoires. Si je me lance dans cette aventure périlleuse, c’est parce que le chemin qu’a suivi mon précédent court-métrage, Cinémachination, m’a prouvé qu’on pouvait atterrir aux États-Unis et au Canada en partant de rien, car le manque de moyens nous oblige à faire preuve d’inventivité. Alors pourquoi se mettre des barrières ?
MON DERNIER COURT-MÉTRAGE
Mon portfolio : http://anatolelc.wixsite.com/portfolio
Ma page facebook : https://www.facebook.com/Monsieurtole15/?fref=ts
Nicolas Dru est compositeur et pianiste. Il est l’auteur d’œuvres pour instruments solistes, formations orchestrales ou ensembles de musique de chambre, de musiques de films. Il a étudié le piano, l’écriture, la composition, le jazz. Titulaire de premiers prix de conservatoires (Toulouse et Boulogne Billancourt), il est également diplômé de l’Université de musique Franz-Liszt de Weimar en Allemagne et lauréat du concours international A. Scriabine de Paris. En 2011, suite à sa première production discographique, il rencontra Martial Solal qui l’invita à se produire dans le cadre d’un concert parisien. Il se produit régulièrement en tant que soliste, en formations de musique de chambre ou de jazz, tant en France qu’à l’étranger.
UN EXTRAIT DE SON TRAVAIL
Jonas Lebrun & Laurette Courregelongue (acteurs principaux)
Daniel Sicard (chef opérateur)
Zélia Mézailles (cheffe électricienne)
Lola Roulin (directrice de production)
Clémence Rondeau (assistante réalisatrice)
Clément Leblanc (chef décorateur)
Léna Chiesa (costume/maquillage/coiffure)
ET BIEN D’AUTRES PERSONNES QUE JE N’AI PU MALHEUREUSEMENT CRÉDITER…
Photographies : Emmanuel Malherbe, Daniel Sicard, Nathan Decombes